Juste des gars normaux …

Juste des gars normauxSi je vous dis Dana International, Lordi ou plus près de nous Conchita Wurst*, vous me répondrez sans hésiter Eurovision ! Et vous avez raison, par ces victoires surprenantes le radio crochet le plus célèbre du vieux continent  laisse parfois les portes ouvertes aux différences, et entendre des notes dissonantes dans ce concert d’uniformité.
PKN fait partie de ceux là… Comment vous ne les connaissez pas ?
Ce groupe de 4 garçons finlandais a remporté haut la main leur finale nationale en obtenant quasiment 40 % des votes. Ils ont représenté leur pays le 23 mai, la Finlande, en demi-finale de l’Eurovision à Viennes. Ils se sont arrêtés là, mais leur venue a secoué le cocotier des strass et des paillettes. le concours Eurovision de la Chanson,  événement qui attire aujourd’hui jusqu’à 200 millions de téléspectateurs, met à l’honneur depuis plus d’un demi siècle une musique pop édulcorée et des ballades sirupeuses. L’annonce qu’un groupe s’apprêtant à faire irruption avec la vigueur d’un marteau-piqueur au milieu de l’univers ouaté de l’Eurovision a éveillé l’intérêt et la curiosité.
PKN* se  distingue par un son punk hardcore, caractérisé par des riffs de guitare agressifs, un rythme rapide et des chants criés, en bref, une aversion avérée pour la musicalité,  du punk balancé à 200km à l’heure.
Ces quadragénaires souffrent d’autisme et de trisomie 21. Tout a commencé à Helsinki en 2009, où ils se sont rencontrés dans un centre de soins pour adultes en situation de déficience intellectuelle.
A l’Eurovision ils présentent  une chanson énergique de 90 secondes Aina mun pitää, Chaque fois que je le dois. un texte qui évoque leurs obligations quotidiennes qu’ils préféraient esquiver, (comme aller chez le toubib ou prendre une douche.) Le quotidien difficile des handicapés pour mener une vie normale.

Le groupe a fait l’objet d’un documentaire en 2013 : The Punk Syndrom. Ce film montre comment ces quatre hommes se servent du punk pour exprimer leurs frustrations à l’égard des systèmes sociétaux : le chanteur Kari Aalto y hurle des paroles du type « Je ne veux pas vivre en institution/J’ai besoin de respect et de dignité dans ma vie », ou encore « Je hais le Parlement/Je hais ce monde ! »
Le guitariste Pertti Kurikka éprouve parfois des difficultés à parler mais prend littéralement feu quand il joue de son instrument. Le musicien compose aussi des paroles et des poèmes pouvant être crus voire parfois dérangeants ; certains de ses textes et illustrations ont été publiés à l’étranger et repris sur des sites dédiés au rock et à la culture pop.
Mais en creusant un peu, on découvre que ces textes expriment avant tout, de façon sincère et bien plus profonde qu’il n’y paraît, leur mal-être tout en critiquant la société et son regard sur leur handicap.
Et de déclarer avant le concours de l’Eurovision : «Nous nous rebellons contre la société mais pas de manière politique. Beaucoup de gens viennent à nos concerts, nous avons beaucoup de fans. Mais nous ne voulons pas que les gens votent pour nous parce qu’ils sont désolés pour nous. Nous ne sommes pas si différents des autres, juste des gars normaux avec un handicap mental».

Julien P., Roman Le B. et Christophe R.
Juin 2015

*Le transsexuel Dana International en 1998 pour Israël avec la chanson « Diva », Conchita Wurst,le travesti à barbe, avec « Rise Like a Phoenix » pour l’Autriche en 2014 ou le groupe  métal  composé de monstres, qui a sacré la Finlande en 2006 avec « Hard Rock Hallelujah ».)
*Pertti Kurikan Nimipäivät (ce qui signifie en finnois “la fête de Pertti Kurikan”, Pertti Kurikan étant le nom du guitariste dans le groupe),

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *