Au gars Thierry…

Thierry tu es descendu de Poullaouen, perché sur tes Menez Du, pour venir t’installer ici dans le sud, à Lorient, à l’occasion de l’agrandissement du Foyer Soleil en 1996. Tu t’es familiarisé avec la ville, toi le gars de la campagne. Tu as exploré ses quartiers, et défriché les moindres recoins de ses rues et ruelles. Attentif à tout, plus rien de la ville n’avait de secret pour toi. Tu connaissais les histoires, et les curiosités de chacunes d’entre elles. Tu en as dressé une géographie utile à nos déplacements en fauteuil, avec les raccourcis, les accès faciles ou au contraire à éviter, les sites en travaux, les chantiers futurs…

Thierry, je n’oublierai jamais les balades que nous faisions ensemble. C’était ta façon de partager avec bienveillance, de transmettre tes connaissances et tes observations du terrain, de faire confiance, un peu comme un éclaireur qui guide les pionniers dans la plaine du grand Ouest. Tout ce que nous avons fait ensemble me permet de voler de mes propres ailes, d’être plus libre, et c’est à mon tour maintenant de transmettre aux autres ce que tu m’as appris.

Thierry, combien de fois n’avons-nous pas été déçus par les performances du FCL… tu as été pendant de nombreuses années, avant leur installation au centre de Kerlir, un fidèle aux entraînements du club lorsqu’il se déroulaient au stade du Moustoir. Tu avais une proximité amicale avec une bonne partie des joueurs de l’équipe, que tu interpellais, lors des rencontres, par leur prénom suivi d’un qualificatif chaleureux : « Bien le gros Audar… »…

On y retournait quand même, sans rechigner, dans notre tribune fétiche, nous y avions nos habitudes, c’est là aussi que nous avons connu les plus belles heures de Lorient. Animés par la passion, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il fasse froid, nous étions des fidèles supporters. Tu nous « bichonnais » avec tes pique-niques « premium » : café chaud en hiver, boissons fraîches aux beaux jours, apéro, saucisson… que de bons moments passés ensemble.

Thierry, tu m’avais surnommé ton « Padawan »… c’est vrai que dès mon entrée au Foyer Soleil en janvier 2006, tu m’as pris sous ton aile, comme un grand frère attentionné, souhaitant m’accompagner pour que je sois plus indépendant dans la vie, dans la ville, me donnant des clefs pour mieux avancer dans la société.

Thierry, j’aurais encore tant de choses à te dire, c’est vrai qu’on a traîné un peu à écrire ces quelques mots pour toi, peut être pour te garder encore un peu auprès de nous. Je sais que tu aimais que les choses se fassent séance tenante, la rigueur et le tempérament entier qui sont tiens auraient fait des étincelles. D’ailleurs, tu n’hésitais pas à aller porter la voix des résidents au conseil de la vie social ou auprès de la direction, argumentant nos revendications avec ténacité et pragmatisme. Ta franchise pouvait aussi te jouer des tours. Des paroles étaient alors lancées, pouvant blesser tel un projectile, ton caractère d’homme fier t’interdisait de faire demi tour.

Thierry, tu resteras dans nos mémoires et dans nos cœurs, comme un homme épris de liberté, avec un charisme et une grande personnalité, qui n’a eu de cesse de faire entendre un peu plus fort et un peu plus haut notre parole, qui a trop souvent bien peu d’écho. C’est à nous maintenant de suivre le sillon que tu as tracé, d’y mettre de l’énergie pour continuer ton travail dans le dialogue et la passion tout en restant vigilants.

Pour conclure je laisse le mot de la fin à « Voisin » qui dans son éloquence légendaire résume à merveille notre état d’esprit à nous tous, ici au Foyer : « tu nous manques, tu nous manques, tu nous manques…»

Julien P.

décembre 2018

Je n’aurais jamais imaginé écrire ces quelques mots pour toi dans ces circonstances. Toi qui paraissais si fort, assis dans ton fauteuil, droit comme un I, le crane rasé et la barbe soignée, tel un colosse de la mythologie, tu en imposais… Tu m’as toujours impressionnée, peut-être que tu en jouais. On a eu parfois des mots piquants, mais je tenais sincèrement à t’accompagner, comme d’autres, une dernière fois sur tes terres, pour te témoigner ma tendresse. J’ai encore une fois beaucoup pleuré, ce qui avait, je le sais, le don de t ‘énerver….

Françoise J

Lorsque tu étais alité, j’allais souvent te voir, et nous discutions de choses et d’autres, de foot bien sûr, des « exploits » du FCL, des potins du foyer, du passé… Nous passions alors de bons moments ensemble. Ton départ nous a tous pris de court. Au printemps tu allais mieux et je me souviens encore de t’avoir croisé sur la place de la Liberté à Keryado, en mai dernier, avec ta longue barbe et ton légendaire chapeau, tu revenais sans doute d’une de tes virées habituelles. La vie avait alors repris son cours, je me suis senti rassuré et tout allait bien…

Ronan L.B


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