DGA : que du bonheur et un tremplin pour ailleurs…

Fin novembre 2016, tout le Foyer Soleil s’est réuni autour de Seiko, Christophe et Nicolas pour fêter une nouvelle étape de leur vie et leur installation en appartement. Beaucoup d’émotions de part et d’autre, en effet trois départs d’un coup ce n’est pas fréquent et laisse un grand vide dans l’établissement. De leur côté, nos trois amis ont très hâte de goûter à cette nouvelle existence, avec quand même un peu de nostalgie et une pointe d’appréhension.

01 DGAUne page se tourne au Foyer Soleil, une autre s’ouvre au DGA…

Mi septembre 2017, Christophe et Nicolas nous accueillent au bas de leur immeuble tout neuf,  inauguré au début de l’été 2016, et situé au 14 rue Jules Massenet dans le quartier du Bois du Château. Ils ont aménagé dans leurs nouveaux appartements fin novembre 2016. Ils bénéficient d’un dispositif original, un DGA (Domicile Groupé Accompagné).
Notre groupe du Canard Ensoleillé (Ronan, Julien et Maxime) s’est exceptionnellement « délocalisé » pour recueillir leurs impressions après ces quelques mois de recul.  

Qu’est ce qu’un DGA ?
« Le DGA est un dispositif intermédiaire entre le domicile individuel et l’établissement social ou médico-social. Il permet l’inclusion d’adultes en situation de handicap dont le choix est de vivre à domicile mais qui, au vu de leur autonomie, nécessitent un soutien adapté de professionnels de l’accompagnement . »
Le DGA du Bois du Château bénéficie d’un accompagnement social individualisé avec l’intervention d’un AMP (aide de proximité) et d’un responsable de service (garant de la gestion de l’équipe, des liens avec les personnes et les partenaires). Le noyau de ce dispositif est de favoriser et de développer l’autonomie de la personne accompagnée. Un projet d’accompagnement est élaboré avec la personne. Il met en évidence les besoins et les moyens à mettre en œuvre et est évalué régulièrement. Le DGA travaille en étroite collaboration avec l’ensemble des partenaires identifiés dans l’accompagnement de la personne (SAVS, SAMSAH, SAAD…).
Concrètement les objectifs principaux sont : l’appropriation du logement et de l’organisation du quotidien, la mise en place d’emploi du temps et la création d’un support adapté à l’organisation des activités (sociales, culturelles et médicales…), d’encourager la mixité sociale par le biais d’activités au centre sociale du quartier, au Foyer Soleil.  
Le professionnel du DGA est rattaché à l’équipe du SAVS (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale) et propose des sorties et des ateliers collectifs en fonction des projets (cuisine, relaxation, sorties à thème…).
Une fois toutes les 3 semaines un groupe d’expression est animé au centre social par le DGA, une  instance pour créer une dynamique de groupe et favoriser le lien entre pairs (entraide). Les sujets abordés sont souvent en rapport avec l’autonomie et les expériences vécues (civisme, insécurité, citoyenneté…).

02 DGAVue de la terrasse du quartier du Bois du Château.

Nicolas et Christophe  : On est à domicile entouré sur le DGA, d’une AMP (aide à la gestion du budget, des dossiers administratifs, à l’accompagnent social suivant les demandes et les besoins…) et d’une responsable de service, rattachées au pôle domicile de la mutualité 29/56. Le Service d’Accompagnement et d’Aide à Domicile  (SAAD) assure des prestations d’aide à la personne pour les activités ordinaires et les actes essentiels de la vie quotidienne (l’entretien du logement, l’entretien du linge, la préparation des repas, les courses, l’aide à la toilette…). Nous pouvons faire appel au service d’ergothérapie si besoin (Alcat 56). Les soins infirmier et de kiné, le suivi orthophonie et médical sont extérieurs au dispositif en ce qui nous concerne. En fonction des besoins des personnes, une demande SAVS, SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés) peut être faite à la MDA (Maison Départementale de l’Autonomie).  

Pouvez-vous faire appel à un autre service d’accompagnement que le SAAD de la Mutualité ? 
Nicolas et Christophe : Nous avons la liberté de choisir le service d’aide à domicile de notre choix,  et même de le cumuler. Nous sommes indirectement les employeurs (chèques emploi service : Ti Chèque ).

03 DGA« Je me suis très rapidement fait à mon nouvel espace… »

Vous sentez-vous un peu seul parfois ? 
Nicolas :  Non, je m’occupe et fais plein de choses. Je fais de la balnéo tous les mercredis matin, je vais au Foyer Soleil en activité journal, voir mes amis et en activité cuisine avec le SAVS.  Je vais moins au foot mais plus souvent au cinéma. Je ne m’ennuie presque jamais… Depuis que je suis arrivé ici j’ai appris énormément de choses : je m’occupe de mes vêtements, je fais ma petite « popote », la vaisselle, et je voyage seul en bus. Je prends les choses plus calmement, il y a moins de monde et de bruit, je suis plus patient.
Christophe  : Je ne m’ennuie pas du tout, entre mes rendez vous médicaux et l’association les bouchons du pays de Lorient, je me rends au foyer à l’activité journal tous les 15 jours  et en activité cuisine une fois par mois. J’assure avec les auxiliaires l’entretien de mon appartement…  Je n’ai pas le temps de m’ennuyer, parfois les journées ne sont pas assez longues pour tout faire…  

Pouvez-vous inviter des amis en séjour chez vous ?
Christophe : On est locataire, on est chez nous, on prévient seulement le service qui intervient à notre domicile …
Nicolas : Je préviens également le SAAD, ce qui est normal.04 DGA« Le DGA reste pour moi une transition entre l’institution et le domicile autonome… »

Pouvez-vous vous absenter pour les vacances ?  
Nicolas :  Oui,  je peux très bien partir en voyage, je préviens le SAAD de mon absence le plus tôt possible.  
Christophe :  Ce qu’il faut bien comprendre, on va où on veut, on peut bénéficier également du véhicule du SAAD pour nos déplacements.

Quel est votre budget ?
Christophe : Il y a le loyer à payer déduit des APL (l’ascenseur et l’entretien des locaux sont compris dans le loyer), les charges (l’eau, l’électricité, le chauffage), l’assurance de l’habitation et du fauteuil, la mutuelle, le téléphone, le transport, les produits ménagers, la nourriture et le service à la personne (SAAD) qui représente un gros poste… au bout du compte il nous reste suffisamment pour nos loisirs et n’impacte pas sur le reste à vivre.05 DGA

Le Canard Ensoleillé délocalisé ne déroge pas au traditionnel goûter…

Qu’est qui vous a décidé de partir du Foyer ?
Nicolas :  Je voulais avoir une vie plus indépendante, je suis quelqu’un qui aime la solitude. Au début de mon installation à la résidence de la rue Jules Masnet, j’étais pas très rassuré. Je n’avais pas l’habitude de vivre seul. Je me suis très rapidement fait à mon nouvel espace. J’avais une certaine lassitude de la vie en collectivité, ça fait 5 ans que j’attendais un projet d’autonomie. II a fallu convaincre mes parents pour avoir mon indépendance, ils sont maintenant contents, ils ont plus  confiance en moi .
Christophe : Dès mon arrivée au Foyer Soleil en 2003,  je me suis exprimé sur l’envie de prendre mon indépendance. J’ai  cherché un appartement avec Lorient Habitat pendant au moins 2 ans et je n’en ai pas trouvé un qui soit correctement accessible. L’idée du DGA m’a été présentée, c’est une expérience pilote dans le Morbihan. Cela a rassuré mon entourage, je me suis engagé dans le dispositif après que des travaux ont été entrepris pour améliorer l’accessibilité. Aujourd’hui c’est cool…  J’ai quand même envie d’être plus indépendant, le DGA reste pour moi une transition entre l’institution et le domicile autonome classique (sans accompagnement social).

Est-ce que vous vous voyez de temps en temps ?  
Nicolas : Oui ça nous arrive de nous retrouver autour d’un verre avec Christophe et Seiko, on s’entend bien, on se dépanne quand on a besoin d’un coup de main. On s’entraide…  06 DGA

 « Ma boite aux lettres est tout en bas ! » .

Avez vous des bonnes relations avec les autres locataires ?
Christophe : Oui nous avons de bonnes relations avec les locataires du bâtiment, ils sont très sympas et très à l’aise avec nous, il n’y a aucun regard méchant et on s’entraide, tout le monde se connaît.

Que diriez vous pour convaincre un futur candidat qui voudrait sauter le pas ?
Nicolas  : Être capable…  avec le DGA on est accompagné, on n’est pas seul.  Il faut peut être avoir une maturité suffisante pour faire cette démarche…
Christophe  : Si quelqu’un veut vraiment partir à domicile et se lancer sur ce type de projet, qu’il le fasse,  on n’a qu’une vie et les barrières on peut les sauter. On a toujours peur au début si on ne n’essaie pas on ne saura pas si on est capable de le faire, avec de la volonté le projet ira au bout. Il faut bien réfléchir car ça engage la vie future.  

Nicolas : Je suis  très satisfait de l’expérience que je vis, nous sommes très contents de notre chemin, et Christophe de rajouter : pour rien au monde je ne retournerais vivre dans un milieu institutionnel…  

07 DGA Au pied de l’immeuble de la rue Jules Massenet dans le quartier du Bois du Château.

Nous avons partagé ensemble le « traditionnel » goûter en évoquant des anecdotes qui nous relient les uns aux autres, sur notre vie commune au foyer Soleil, sur cet ailleurs qui n’est plus un projet  mais une réalité. Un agréable moment que nous comptons reconduire avec une autre « délocalisation » du Canard  l’année prochaine.  

Ronan Le B. Maxime Le S. Julien P.
Christophe R. et Nicolas K.
Novembre 2017

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